Ce que personne ne vous dit sur la guérison personnelle

Vous connaissez peut-être ce fantasme que l'on entretient souvent en secret : celui qu'un jour, on va enfin guérir. Vraiment. Que l'on va arriver à une version de soi parfaitement sereine, alignée, zen 24h/24. Ce jour béni où les angoisses auront disparu, où les pensées en boucle se seront évaporées, où les relations seront fluides et l'esprit en paix. Bref, le fantasme de la guérison totale, définitive, comme une ligne d'arrivée.

Spoiler alert : ce jour n’existe pas.

Et c'est une bonne nouvelle.

Le mirage d'une guérison linéaire

Nous vivons dans une société qui adore les success stories et les avant/après bien nets. Le corps parfait après un régime, l'entreprise florissante après des années de galère, la vie amoureuse résolue après avoir "travaillé sur soi". C'est rassurant. Structurant. Surtout dans un monde qui nous pousse à aller toujours plus vite et mieux.

Mais la réalité du travail intérieur est tout sauf linéaire.

Guérir, ce n'est pas supprimer définitivement vos peurs, vos blessures ou vos schémas. C'est apprendre à vivre avec. À les reconnaître. À les apprivoiser. Parfois, à les déjouer. Et souvent, à les accueillir quand ils reviennent taper à votre porte.

La thérapie ne vous offre pas une autoroute vers la paix éternelle. Elle vous offre une boussole, une rame, un ancrage. Pour que, lorsque les vagues reviennent, vous ne vous noyiez plus. Que vous puissiez surfer, même trempé.e, épuisé.e, mais debout.

Cette pression insidieuse d'être tout le temps bien

Derrière le fantasme de la guérison absolue se cache souvent une pression redoutable : celle d'être toujours bien. Toujours posé.e. Toujours sûr.e de soi. Toujours aligné.e.

Mais c’est faux. C'est inhumain, en fait. Nous ne sommes pas des robots de pleine conscience. Nous sommes des êtres sensibles, cycliques, en mouvement perpétuel.

Certaines semaines, vous allez vous sentir inspiré.e, aligné.e, puissant.e. Et la semaine suivante, vous allez pleurer devant votre miroir sans trop savoir pourquoi. C’est normal. C'est même sain. Parce que chaque vague raconte quelque chose de votre humanité. Ce n'est pas un bug. C'est juste normal.

Naviguer, pas maîtriser

Le but n’est pas de tout comprendre, de tout maîtriser, de tout anticiper. Le but, c’est de créer de l'espace. Pour ressentir, pour être présent.e, pour accueillir.

Ça demande du courage. Parce que oui, parfois, vous retournez voir les mêmes peurs. Les mêmes blessures. Mais avec un regard neuf. Une respiration plus profonde. Un peu plus d'amour et de compassion envers vous-même.

La guérison, c’est ce moment où vous choisissez d’être là, avec ce que vous ressentez. Sans fuir. Sans vous juger. Sans vous raconter que vous êtes cassé.e parce que vous ressentez encore.

Guérir, c'est revenir à soi

Ce n'est pas être invincible. C'est savoir où se réfugier quand ça secoue. C'est développer une relation de sécurité avec soi. C'est se donner le droit de ne pas aller bien. Et le droit de s’émerveiller de ses progrès.

Ce n'est pas un certificat que l'on obtient, c'est une manière d'être au monde. Une manière de se traiter avec amour, même dans les creux.

Ce que je veux que vous reteniez

• Vous n'êtes pas cassé.e parce que vous ressentez encore des choses douloureuses.

• Vous n'avez pas raté votre guérison si vous revivez des moments sombres.

• Vous n'avez pas besoin d'aller bien tout le temps pour être en chemin.

Ce que vous construisez à l’intérieur de vous, c’est de la solidité douce. Une capacité à traverser. Une ancre qui ne dépend pas de votre humeur, ni des circonstances.

La guérison, ce n’est pas un objectif. C’est un engagement envers vous-même. Celui de rester présent.e, même quand ça tangue. Celui d’aimer la personne que vous êtes, même dans ses recoins déchirés.

Alors oui, guérissez. Mais guérissez pour vivre. Pas pour devenir parfait.e.

Guérissez pour surfer. Pas pour éviter les vagues.

Vous méritez cette paix-là : celle de savoir que, quoi qu’il arrive, vous pouvez revenir à vous.